
Histoire
Le Canton d’Orford après des millénaires de chasse et de pêche
La Municipalité du Canton d’Orford occupe la partie ouest de l’ancien township d’Orford (1801), nom emprunté à un village anglais, qui s’étendait vers l’est jusqu’aux rivières Magog et Saint-François. Lors de sa création en 1855, la Municipalité couvrait le canton presque en entier. Après plusieurs modifications, à commencer par le détachement de Saint-Élie-d’Orford en 1899, elle occupe depuis 2002 son territoire actuel.
Le canton a été précédé par des millénaires de présence humaine qui ont suivi la déglaciation. Les groupes autochtones privilégiaient les rivières tout en chassant et pêchant en forêt. Même après la colonisation, les Abénaquis fréquentent le territoire, en voyageant entre la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre. Comme leurs prédécesseurs sans doute, ils nomment les lieux, telle la rivière Magog.
Communautés agroforestières
En 1834, la Couronne britannique s’entend avec la British American Land Company (BALC) pour lui céder la responsabilité et les revenus de la colonisation. En 1835-1836, la BALC ouvre une route. En 1837, des Hopps venus d’Angleterre, premier ménage connu du secteur, occupent un lot. À compter des années 1840, un Américain et des Britanniques protestants – Bowker, Conlon, Humphrey, Naylor, Reside – s’installent près des lacs Brompton, Stukely et Bowker. Arrivent aussi des Benoît, Gagnon, Rivard dit Dufresne, Spénard et autres venus d’ailleurs au Québec, l’année 1848 marquant une plus grande ouverture de la BALC à cet égard. Des familles francophones défrichent aussi des lots au sud du lac Fraser (ce qui ne durera qu’un temps), puis sur les hauteurs au sud du lac Brompton, des Gendron d’abord. En 1851, les francophones forment les trois quarts de la communauté mixte du secteur. Les petits moulins à scie répondent pour un temps aux besoins locaux. Une école est ouverte en 1853. L’agent de la BALC et marchand George Bonnallie possède aussi des moulins à scie et à farine; il sera en 1855 le premier maire du Canton d’Orford.
Au sud, Isabella Hoyt, d’une famille établie près du canton d’Orford, et son mari William Ryder, venu du New Hampshire, s’installent vers 1840 à proximité de la rivière aux Cerises. Au début des années 1850, ils côtoient les bûcherons d’un camp hivernal. Leurs filles mariées forment ensuite avec d’autres familles la communauté de Cherry River, en large partie d’origine américaine et de religion adventiste: des Whittier, Aldrich, Buzzell, Baird, Sager, etc. Plus tard des McKelvey, Catchpaw, Quilliams, Bice. Les Buzzell ouvrent une fabrique de bacs de bois vers 1865 puis deux (2) moulins à scie (1873 et 1893). En 1868, une école est en place, suivie d’une seconde. Un couple Buzzell-Schoolcraft ouvre un premier magasin et y tient un bureau de poste à compter de 1875. Un cimetière est formellement créé en 1886.
Sur le mont Orford et tout au nord du canton, l’industrie forestière s’établit à compter des années 1850-1860. La BALC exploite par ailleurs elle-même le bois pour sa scierie de Sherbrooke. Elle vend aussi des droits de coupe, comme ce peut être le cas du chantier près des Hoyt-Ryder, pour les besoins d’un moulin de Magog. Plus tard, la BALC cède les lots forestiers. Prouty et Miller de Newport (Vermont) en acquièrent à compter de 1881, suivis en 1889 par Williamson et Crombie de Kingsbury (canton de Melbourne). En 1909, la BALC a tout vendu. Les forestières confient à des sous-traitants locaux la coupe en hiver et le flottage sur les lacs et ruisseaux au printemps; elles achètent aussi des billots des agriculteurs.
Sur la hauteur desservie par le chemin du Treizième-Rang, la Prouty & Miller déboise à compter des années 1890 jusqu’au début des années 1920. Des familles francophones s’installent sur les terres dégagées.
En 1921, la population totale du territoire est de 565 personnes, majoritairement francophones (66 %).
Conservation et plaisirs de la nature
Le gouvernement du Québec décrète en 1938 la création du parc national du Mont-Orford, à l’instigation première du Dr George A. Bowen. Les lots acquis proviennent principalement de la Prouty et Miller. Le parc est ouvert au début des années 1940. À la préservation et l’observation de la nature s’ajoutent d’emblée le golf ainsi que le ski, qui connaîtra ensuite un grand essor, surtout après l’ouverture de l’autoroute des Cantons-de-l’Est. Le parc, doté de terrains de camping, est agrandi en 1974-1975.
Dès les années 1870-1880, les pouvoirs publics ensemençaient déjà des lacs, alors qu’on flottait aussi des billots au printemps. Des camps tenus par des clubs de chasse et pêche sont présents à compter des années 1910 aux lacs Fraser et Stukely, puis au lac Bowker. Les familles construisent des chalets dès avant 1945, mais surtout après la Seconde Guerre mondiale, sur les berges de tous les lacs du nord et au lac à la Truite, dans le versant sud. Au début des années 1940, dans le parc récemment créé, des camps de vacances et de repos sont offerts à des enfants et à d’autres clientèles ciblées. En 1944, un camp est ouvert au lac Stukely pour les jeunes du diocèse de Sherbrooke. Il sera ensuite intégré au territoire du parc agrandi et deviendra le centre de villégiature Jouvence que nous connaissons aujourd’hui. En 1951, naît également, sous la direction du musicien Gilles Lefebvre, le camp d’été des Jeunesses musicales du Canada qui deviendra Orford Musique, une académie et un lieu de concerts exceptionnels en pleine nature.
Orford devient aussi un lieu de séjours touristiques hors du parc. En 1948, une auberge ouvre au lac Bowker ainsi que des restaurants et bars ailleurs. Puis, à compter de la fin des années 1960, apparaissent de grands projets combinant hôtellerie et villas en copropriété, le Chéribourg en premier lieu. Le lac Écluse, créé en 1967, est intégré à l’un de ces projets, de même qu’une sablière désaffectée. Ces ensembles ceinturent
le village de Cherry River, dont le profil commercial et résidentiel change tout en conservant son caractère villageois. L’équitation devient entretemps une activité prisée dans tout Orford.
Au cours des années 1970-1980 s’amorce l’aménagement de nouveaux secteurs résidentiels boisés, auxquel s’ajoutent des immeubles en copropriété à Cherry River et près du mont Orford. Un réseau vert relie progressivement les composantes du milieu, permettant aux cyclistes et aux marcheurs de découvrir la nature et les paysages d’Orford.
Au nord comme au sud, villégiateurs et résidents se côtoient.
En 2021, la population résidante dépassait 5 000 personnes.
Source : Société d’histoire du Canton d’Orford.
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